BARAKA ALLAH OUFIK

2018 | TOUBA (SENEGAL) | Production KAPAPULT

Avec l’artiste Jean-Baptiste Janisset

Le fonds de dotation a apporté son soutien au projet Baraka Allah Oufik de l’artiste Jean-Baptiste Janisset. L’artiste s’est rendu à Touba au Sénégal pendant la cérémonie religieuse du Magal au cours de laquelle un bœuf est sacrifié puis partagé par la communauté. L’artiste a ensuite moulé les os blanchis de l’animal afin de réaliser l’œuvre Baraka Allah Oufik. Katapult est intervenu en qualité de mécène pour financer le voyage, la production et les trois semaines de résidence à Touba. La pièce finalisée a été montrée pour la première fois lors de l’exposition personnelle de Jean-Baptiste Janisset À ma vie à la galerie Alain Gutharc en janvier 2019. Enfin, Jean-Baptiste Janisset a été retenu par Nicolas Bouriaud  pour faire l’exposition Possédés au MOCO de Montpellier.

https://www.moco.art/fr/exposition/possedees-0

Jean-Baptiste Janisset – Baraka Allah Oufik – 2019 – 35 x 70 cm – Plâtre et plomb – © Aurélien Molle – Courtesy Galerie Alain Gutharc

“Jean-Baptiste Janisset pratique une sculpture de terrain. Par le moulage, il prélève in situ des éléments divers : des sculptures, des objets, des ossements. Sa démarche implique le déplacement et la rencontre. L’artiste arpente par exemple les rues de Nantes à la recherche des traces visibles et concrètes du colonialisme et de l’esclavage. À Nantes toujours, il découvre dans la cathédrale un emblème d’Anne de Bretagne au bas duquel est gravé « À ma vie ». L’artiste le moule sur place et réalise un tirage en plâtre de l’objet. Sur un rond-point à Ziguinchor au Sénégal, il moule une partie d’une sculpture rendant hommage à Aline Sitoé Diatta (1920-1944), une résistante casamançaise surnommée la « Jeanne d’Arc d’Afrique ».

La jeune femme aurait en effet reçu une prophétie, elle entendait des voix lui demandant d’aider à l’indépendance de la Casamance. Guidée par les voix, elle active un mouvement de désobéissance et d’émeutes. Aline Sitoé Diatta est arrêtée, condamnée par l’administration française et déportée au Mali.
Elle meurt du scorbut à l’âge de 24 ans et bénéficie aujourd’hui d’une aura de martyre.

Les œuvres de Jean-Baptiste Janisset convoquent et rassemblent des histoires qui s’entrechoquent.
Il pose ainsi la question de l’écriture du récit d’une histoire collective complexe et du degré de conscience que nous pouvons en avoir : à qui rend-on hommage ? Que commémorer ? Quelles icônes ? Pour qui et pourquoi ? Le récit d’une histoire commune diverge inévitablement selon les contextes. Les moulages génèrent alors de nouveaux objets : les sculptures-archives d’une recherche en cours. L’artiste examine ce qui fait mémoire et monument, ce qui fait histoire. De Nantes à Libreville, en passant par le Sénégal, l’Italie, l’Algérie et la Corse, il s’immerge dans la vie quotidienne et spirituelle.”
Julie Crenn

Os du bœuf sacrifié pendant la cérémonie du Magal.

Jean-Baptiste Janisset – A ma vie – Vue d’exposition – © Aurélien Molle – Courtesy Galerie Alain Gutharc