Katapult s’est engagé sur « Les fantômes se dérobent comme des nuages » porté par les artistes Pascale Rémita et Alexandre Meyrat Le Coz dès l’origine en apportant des fonds pour amorcer le projet. Celui-ci débute par un périple à travers l’Ouest américain, dans les pas et les mots du poète Pierre Gicquel qui a lui-même parcouru les étendues désertiques du Nouveau Mexique et de l’Arizona. La restitution de ces voyages se découpe en trois chapitres : Le paysage excite le verbe, A journey, Where heart meets the sky. Le fonds s’est également investi dans l’obtention d’une résidence pour les artistes à Marfa au Nouveau Mexique.
« Les fantômes se dérobent comme des nuages » désigne un projet à partir duquel des notions de voyage et de paysage partent à la rencontre des mots, ceux du poète Pierre Giquel.
Avec lui, les deux plasticiens Pascale Rémita et Alexandre Meyrat Le Coz construisent le projet et invitent deux autres intervenants, le musicien François Joncour et le critique Julien Verhaeghe.
Le projet se déroule en plusieurs étapes. La plus importante d’entre elles étant celle qui consiste en plusieurs périples au cœur de l’Ouest américain.
Succédant aux pas du poète, il s’agit pour les quatre protagonistes de s’imprégner d’un univers chargé de représentations et d’imaginaires. Les grandes étendues désertiques que l’on retrouve dans les westerns, les ciels démesurément bleus, le souffle des vents ou les récits indigènes seront alors à même de constituer une matière première propice à des créations expérimentales.
Aussi, des restitutions résolument transdisciplinaires seront envisagées, aux États-Unis comme en France. Elles permettront de ponctuer les différentes étapes du projet, et de donner corps à une sémantique du déplacement qui s’appuie en grande partie sur l’impalpable, la circonstance et l’évanescent.
Une forme d’hommage au poète pourra ainsi être mise en évidence, ne serait-ce parce que c’est en restant léger et insouciant que l’on résonne le mieux avec les mots qu’il nous a laissé.
Julien Verhaeghe
«Les mots n’appellent pas à être déconnectés, ils sculptent des non-dits, des non-voirs, des non-écoutes. L’hymne est à découvrir.»
«Être dans des paysages c’est accepter de bouger nos vies.» Pierre Giquel
Écrivain, poète et critique d’art, Pierre Giquel est né en 1954 à Mayenne et a vécu à Nantes où il a enseigné à l’École des Beaux-arts. Il a contribué à de nombreux catalogues d’expositions et revues d’art. Depuis le début des années 1980, ses textes ont été édités dans de multiples publications d’art contemporain et des parutions d’institutions. Ses ouvrages monographiques, parfois édités sous la forme du livre d’artiste, ont donné lieu, lors d’expositions et d’invitations, à diverses propositions par le biais de chansons, lectures, pièces sonores ou oeuvres d’art. Ses écrits, qui ont profondément marqués nombre d’artistes, sont le point de départ de ce voyage.
Le projet est soutenu par : Katapult, Nouveau Studio Théâtre, Beaux-arts de Nantes Saint Nazaire, Alambic’théâtre, Institut Français + Ville de Nantes
Chapitre 1. Le paysage excite le verbe / The landscape excites the verb
« Le paysage excite le verbe » est une installation scénique élaborée par les plasticiens Pascale Rémita et Alexandre Meyrat le Coz, dans le cadre d’une carte blanche proposée par l’Alambic’théâtre. Accompagnés du musicien François Joncour et du critique Julien Verhaeghe, l’installation associe les mots du poète Pierre Giquel à des représentations visuelles ou sonores évoquant les grandes étendues de l’Ouest américain.
Le visiteur, muni d’une lampe de poche, est préalablement invité à traverser un espace plongé dans une demi-obscurité. Des éléments de décor émergent peu à peu, en restituant un imaginaire porté par des ciels aux nuages épais, des cactus dressés comme des totems et des teintes intenses qui figurent différents moments du jour, lorsque les horizons sont lointains et dégarnis. L’ambiance musicale, en évoquant des étendues soufflées par le vent et des écoulements cristallins, suggère une atmosphère quelque peu climatique, comme s’il avait été question de se confronter aux éléments.La traversée de l’installation possède donc une réalité flottante et résolument immersive, tandis que le visiteur est sollicité, dans un second temps, auprès d’images au format de carte postale qu’il éclaire de sa lampe de poche. L’éclat du faisceau lumineux révèle des représentations iconiques, en se référant par exemple au genre cinématographique du western, ou en pointant la démesure de paysages façonnés par des temps géologiques. Surtout, la lumière enclenche un dispositif de captation qui permet à des extraits sonores issus d’un poème de Pierre Giquel de se diffuser dans l’espace. Les mots, déclamés avec un fort accent américain, affirment un attrait pour les petits riens, mais aussi une sorte d’envoûtement, celui qui résulte de la découverte de paysages encore un peu mystérieux que l’on n’a pas encore apprivoisés. L’installation « Le paysage excite le verbe » semble ainsi habitée par les vers du poète ; la déambulation physique s’est doublée d’une déambulation mentale, l’absence est devenue la présence.
Chapitre 2. A Journey
Avec A Journey, le musicien François Joncour enclenche le second volet du projet « Les fantômes se dérobent comme des nuages », à partir duquel des notions de voyage et de paysage partent à la rencontre des mots, ceux du poète Pierre Giquel. Mis en place à l’aide de trois autres intervenants – les plasticiens Pascale Rémita et Alexandre Meyrat Le Coz, et le critique Julien Verhaeghe – François Joncour se rend plusieurs semaines au cœur de l’Ouest américain, en attendant que les autres participants le rejoigne. Un cadre de travail peut alors se mettre en place. Tel un éclaireur parti aux avant-postes, François Joncour identifie les lieux et les espaces qui lui parviennent, en suivant toutefois une approche singulière, dès lors qu’il procède à des enregistrements sonores quotidiens. Le protocole d’échange mis en place avec les autres participants consiste alors à travailler à partir de ces récoltes sonores, depuis la France, c’est-à-dire à s’interroger sur des processus de projections, qu’elles soient imagées ou fantasmées, sur la base seule du son.
Ce second chapitre poursuit ainsi la volonté plus globale de succéder aux pas du poète Pierre Giquel. S’il s’agit pour les quatre protagonistes de s’imprégner d’un univers chargé de représentations et d’imaginaires, il est également question de jouer sur les spécificités et les profils de chacun, comme c’est le cas ici en privilégiant le caractère sonore des perceptions que l’on se fait de l’ailleurs. En effet, que voit-on des grandes étendues désertiques que l’on retrouve dans les westerns, des ciels démesurément bleus, du souffle des vents ou des récits indigènes, une fois que nos yeux sont clos ? Quels sons, quels bruits ou murmures accompagnent des déplacements portés si loin ? On se rend alors compte, avec ce second chapitre, à quel point un tel périple repose sur l’impalpable et l’invisible. Bien davantage, semble-t-il, car dans le but de rendre hommage au poète, il faut aussi jouer des circonstances et des évanescences, ne serait-ce parce que c’est en restant léger et insouciant que l’on résonne le mieux avec les mots qu’il nous a laissé.
Chapitre 3 : Where heart meets the sky
Le projet « Les fantômes se dérobent comme des nuages » poursuit son cours avec ce troisième volet intitulé « Where heart meets the sky ». Dans ce cadre, Alexandre Meyrat Le Coz, Pascale Rémita et Julien Verhaeghe – deux plasticiens et un critique – sont partis sur les traces du poète Pierre Giquel en effectuant un périple de trois semaines sur les terres de l’Ouest américain.
Parmi les objectifs de ce voyage long de plusieurs milliers de kilomètres, la volonté de se confronter directement aux rencontres humaines, aux ambiances, aux lieux autrefois visités par Pierre Giquel, puis le désir d’expérimenter des imaginaires relatifs au déplacement.
De l’expérience de voir le verbe du poète à travers le paysage, apparaissent alors des formes d’incarnations. Les mots se transforment en figures dans lesquelles le poète n’a eu de cesse de se manifester : la présence animale, les éclats de voix, les personnages improbables lors de rencontres particulières.
La notion de paysage, s’ouvre alors sur une forme d’écho fiction au verbe et au poète, qui s’est faite omniprésente tout le long du voyage.
Accompagnés des sons rapportés par François Joncour parti en éclaireur lors du chapitre 2, les terres arides du Texas, les étendues démesurées du Nouveau-Mexique ou le faste des récifs montagneux de l’Arizona se sont avérés particulièrement propices à la stimulation des imaginaires. Le paysage, grandiose, démesuré, ne s’adresse pas seulement au sens de la vision ; bien davantage, le paysage s’écoute, se touche, se traverse. Il désoriente en même temps qu’il fascine et se fait unique tout en déclinant une multitude de facettes.
Julien Verhaeghe