PÉNATES

OCT 2017 | NANTES |Commissariat : Jean-Christophe Arcos  | Production : AzOnes – KATAPULT

Avec les artistes Guillaume Airiaud · Coraline de Chiara · Carole Douillard · Léna Durr · Yoeri Guepin · Léticia Martìnez Pérez · Wilfried Nail · Régis Perray · Simon Pfeffel · Xavier Veilhan

Katapult a pris part à l’organisation de l’exposition « Pénates » en octobre 2017 à Nantes en qualité de mécène exclusif, avec la mise à disposition d’un lieu d’habitation privé en attente de rénovation avant l’emménagement du propriétaire. Porté par l’association Azones et le commissaire d’exposition Jean-Christophe Arcos, ce projet singulier a bénéficié d’une belle fréquentation durant ses deux semaines de visibilité avec notamment la présence de la Galerie Zoo (Patrice Joly).

« Il ne s’agit pas à proprement parler d’une exposition : plutôt d’une tentative d’habiter, avec des œuvres, un lieu, le futur loft d’un passionné d’art, et une fonction, celle de commissaire d’exposition.
L’espace de l’appartement comme lieu de vie et de conservation, dont l’aura est gardée symboliquement par des esprits bienveillants, le corps aussi du commissaire investi et agi par des envies, des gestes et des pensées qui ne sont pas les siens. Ghosts, and shells.
Habiter, c’est avoir quelque part ses habitudes. Si habiter est une fonction humaine pour Le Corbusier, le terme revêt chez Durkheim le caratère fondateur du «faire société», puisque l’habitus constitue l’ensemble des cadres collectifs qui permettent à chacun des membres de s’individuer.
Face aux réalités plus prosaïques de la bénédiction du foyer, consacrant par l’art la demeure encore non occupée d’un collectionneur, se jouent les conditions d’une cohabitation entre vivants et non-vivants.
Il y aurait ainsi en quelque sorte exil en la demeure : quelque chose d’une transcendance qui échapperait par son invisibilité à la jouissance matérielle des murs tout en s’y tapissant. Peut-être un esprit des lieux?

Revient alors comme en écho cette idée selon laquelle l’art est ce qui rend le monde habitable. Vivre avec des œuvres prend alors un sens plein : faire apparaître par elles l’ambiguïté d’une matérialité qui porte en elle quelque chose qui la devance et la déborde.
Comme les deux mains, comme le corps au manche, l’artiste et le commissaire sont attachés. La différenciation entre le corps et son étranger peut s’estomper jusqu’à ne plus être revendiquée ni déterminée : face à une overdose d’objets, il est possible de poser le commissariat comme une mise en rapports entre sujets.
Selon cette perspective, le commissariat semble être en mesure d’affirmer son rôle politique, en tant qu’il met en visibilité une relation non plus à des objets marchandisés mais entre des acteurs subjectivés, des sujets, réunis dans une conversation, une pensée, une proposition communes.
Comment cohabitent les œuvres et les gens? Selon quelles temporalités, quels accrochages, quelles frictions? Comment la fréquentation assidue d’objets peut nous renvoyer à notre statut de sujets? Selon quels régimes?
Carole Douillard et Simon Pfeffel conçoivent pour l’exposition des performances activées par le commissaire, tandis que Régis Perray lui proposera une action spécifique ; Coraline de Chiara et Wilfried Nail conçoivent pour l’exposition des œuvres inédites. »

Jean-Christophe Arcos

© Carole Douillard
A Sleep, performance, 2005
(performance réalisée pendant le vernissage par le curateur Jean Christophe ARCOS)
En utilisant le regard et la coprésence physique comme matières premières,
Carole Douillard confronte la performance à sa nature propre, d’être hors
de toute distance de sécurité. Depuis peu, les protocoles qu’elle écrit sont
réalisés par des performers : l’artiste en vient alors à sculpter le vivant.

© Wilfried Nail

Collectionneur de matières brutes, bricoleur talentueux de dispositifs hasardeux sur lesquels s’étage, par-delà la matière, la somme des
souvenirs, Wilfried Nail échafaude une oeuvre où le prélèvement et le regard se rejoignent pour transformer l’opération artistique en collectage
© Coraline de Chiara, L’Aval, vidéo, 2017
Concentrant sa pratique sur la peinture, Coraline de Chiara exploite la
vidéo pour sa capacité narrative. Sa dernière vidéo, L’Aval, couvre d’une
poudre blanche les aliments et ustensiles de cuisine d’un service idéal. Elle
réalisera pour PÉNATES une vidéo contextuelle

© Guillaume Airiaud

The Mouth
Cuivre et cuir sur socle acier et plexiglas
2016
En couvrant la bouche, le masque THE MOUTH est conçu pour la scène
: il appelle inévitablement la performance et renvoie au corps comme
sculpture. Evoquant également l’imaginaire et l’iconographie de l’équitation
ou du SM, il érotise la bouche en la couvrant d’un objet mêlant la sensualité
du cuir et le brillant du cuivre poli.
© Xavier Veilhan
«Pour Papirwek»
Huile et feuille de cuivre sur toile
1988
En 1988, étudiant à l’ENSBA, Xavier Veilhan payait son dentiste avec un
tableau – en 2017, il représente la France à la Biennale de Venise. La toile
de 1988, sauvée des poubelles des héritiers du dentiste Papirwek, est
devenue l’involontaire souvenir de la vanité de l’art – et de la persistance
des dents.
© Leticia Martinez,
Señoras
Installation d’objets de design de supermarché
2017
Oscillant entre des références au kitsch et au camp et une esthétique
ultra contemporaine, Leticia Martinez travaille le ridicule dans l’interstice
entre culture noble et vernaculaire. L’art devient un plateau de jeu où les
sculptures comme les performances sont autant d’occasion de croiser
des personnages hybrides.
© Regis PERRAY
Action effectuée par Jean-Christophe ARCOS
Régis Perray s’emploie à faire du geste du ménage, itératif par excellence, la métaphore d’une démarche artistique articulée autour de l’idée du temps qui passe et de la nécessité de l’action qui fait face à ce passage.
© Simon Pfeffel
Performance interprétée par Jean-Chrisophe Arcos
Bien plus qu’une série de risques ou qu’une appétence pour l’acrobatie ou l’effort physique, le travail de Simon Pfeffel est tendu vers la
confiance. Ses pièces font appel à une présence invisible, en puissance – sans tension,
l’artiste porte son attention à aiguiser la nôtre.